A propos d’une mère au foyer qui en avait marre de répondre à l’éternelle question : « Mais du coup, qu’est-ce que tu FAIS de tes journées ? »
Eh bien Chaunie Brusie, une jeune maman de quatre enfants, a voulu montrer qu’être un parent au foyer est en fait un véritable luxe, un privilège immense… pour son conjoint. Et on ne peut que tomber d’accord avec ce qu’elle dit !
« L’autre jour, je lisais un article du Washington Post à propos d’une mère au foyer qui répondait aux questions de certains de ses proches : ces derniers lui demandaient sans cesse ce qu’elle faisait à présent de ses journées, maintenant que ses enfants étaient à l’école.
« C’est un sujet qui me trotte beaucoup dans la tête dernièrement, alors que je regarde avec incrédulité mes enfants grandir à une vitesse que je n’avais clairement pas prévue (ni approuvée) lorsque j’ai signé mon contrat parental. Je regarde ma plus jeune — ma petite dernière qui a à peine sept semaines — et je vous jure que je m’imagine déjà le jour (demain, sûrement) où je lui dirai au revoir pour sa première journée à la maternelle.
« Mais revenons-en à nos moutons. Alors que je lis l’article, je descends tout en bas pour lire les commentaires, anticipant déjà les réactions indignées de certains par rapport à cette mère qui proclame tout de go qu’elle ne se sent pas coupable de « ne rien faire », quand je tombe sur ce commentaire vraiment remarquable de la part d’une internaute :
« Je travaille à plein temps, et mon mari est père au foyer. Nous avons deux enfants qui sont à l’école toute la journée (8 et 3 ans). Vous ne réalisez pas à quel point il est beaucoup plus facile d’avoir un travail à plein temps, quand quelqu’un est à la maison pour s’occuper des enfants ? Je peux travailler jusqu’à tard le soir, et voyager quand mon travail me le demande, sans avoir à m’inquiéter pour mes enfants. Nous passons nos week-ends à nous reposer et à faire les choses qui nous plaisent, au lieu d’être obligés de courir partout pour faire les courses et autres corvées ménagères. Je peux retourner à mon travail le lundi en m’étant vraiment reposée au cours du week-end. J’ai le sentiment que c’est un vrai luxe, pour MOI, que d’avoir un époux au foyer.
« J’étais sous le choc.
« Je me sentais bête.
« J’étais perplexe et je ne comprenais pas comment, après toutes ces années en tant que mère/écrivain au foyer, je n’avais jamais encore réalisé cela, et que je continuais à me battre contre la pensée que je n’en faisais pas assez. J’ai toujours eu cet étrange sentiment de devoir des explications au monde, en quelque sorte, pour justifier le fait que moi je puisse me permettre de rester à la maison. Je devais cuisiner des tartes pour que le monde sache que non, je n’étais pas un membre inutile de la société. Et au milieu de toute cette culpabilité il ne m’était jamais venu à l’idée le fait que rester au foyer n’était pas « juste » un luxe pour moi…
Mais aussi, et surtout, un luxe pour mon mari.
« Et soudain, alors que je lisais ces mots, tout a pris son sens. Évidemment que cela était un luxe fort appréciable pour cette femme travaillant à plein temps d’avoir un mari à la maison avec leurs enfants. Quelqu’un qui est toujours là, présent, pour s’occuper deux pour les jours où ils sont malades, prendre rendez-vous chez le docteur, s’assurer que tout est en ordre dans la maison, et que personne ne vienne voler le colis laissé sur le porche par le facteur. Et puis, avoir quelqu’un qui vous épargne le souci de lâcher vos enfants face au monde, quelqu’un qui sera toujours là pour faire un bisou sur un genou écorché, pour apprendre à aller au pot, et qui vous accueillera le soir avec un repas chaud quand vous rentrez ?
Imaginez cela.
« J’ai réalisé, presque émerveillée, que depuis tout ce temps je me sentais un peu coupable d’être celle qui « peut », celle qui « à la chance » de rester à la maison. Pour repousser la honte de rester bien au chaud sous mes couvertures à 6 heures du matin tandis que mon mari pataugeait dans la neige pour se rendre à son travail, j’avais senti le besoin absurde de faire mille activités dans la journée, pour pouvoir les lister à mon époux à son retour quand il me demandait comment s’était passée ma journée…et lui montrer que moi aussi, j’avais été « productive ».
« J’ai réalisé, pour la toute première fois peut-être, que je n’avais absolument rien à prouver. Que j’avais travaillé si dur pour garder cette maison en ordre, pour éduquer les enfants, parce que c’était mon travail, que je n’avais jamais considéré que cela puisse être aussi une véritable bénédiction pour mon mari.
« En fait, à l’heure même où j’écris cet article, je profite de l’une de mes rares matinées « de repos », mon mari ayant pris lui-même un jour de "congé" à son travail. Je suis assise dans un café, j’écris pendant les deux heures entre lesquelles je dois nourrir ma fille. Et je viens tout juste d’appeler mon mari qui était volontaire pour être moi pendant la journée pour que je puisse écrire en paix, pour lui demander ce qu’il pensait de la chose et pour voir s’il y avait quelque chose à rajouter encore à cet article.
« En fond, j’entendais ma fille pleurer, mon fils de deux ans qui s’était écorché le genou, et mon autre enfant de quatre ans qui chantait joyeusement à s’en arracher les poumons parce qu’il rentrait tout juste de l’école. J’ai visualisé la maison que j’avais laissé ce matin-là — quatre piles de linge sale à faire pour le week-end, la maison dans un état désastreux, les œufs du petit-déjeuner encore attachés à la poêle. Alors, de ma voix la plus douce, je lui ai demandé son avis — est-ce qu’il considérait le fait que je sois mère au foyer comme un privilège pour lui ?
« "Quoi ?!" a-t ’il répondu frénétiquement, le ton de sa voix trahissant un certain désespoir. " Je sais pas, tu veux que je fasse quoi, que je réponde à une interview, là maintenant ? La petite est en train de hurler à la mort alors que j’essaye de faire cuire des pâtes, et si je pouvais juste la prendre dans mes bras pour la calmer, peut-être qu’elle arrêterait de pleurer et…" il a raccroché, visiblement trop occupé pour finir sa phrase.
« J’ai souri — avec un air un peu trop suffisant, je l’admets volontiers. Parce que j’avais ma réponse. Êtremoi pendant un jour n’était pas si facile, finalement. Et le fait qu’il soit là-bas, pour une fois, pendant que j’étais ailleurs pour travailler… Eh bien, c’était un luxe, un vrai. Et un privilège immense.
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